Musée Edith Piaf : intimiste et touchant...

19 décembre 1915. Près de Belleville.

On est au coeur de la nuit quand la ville est encore figée dans son sommeil éternel. Il est deux heures du matin et les rues sont glacées par l’hiver rigoureux ancré dans la capitale. Malgré ce froid tranchant et ces rues sombres, une petite vie est en train de naître dans une pièce froide et sale de l’hôpital Tenon, rue de la Chine. La mère est jeune mais déjà épuisée par cette nouvelle vie qui débarque. Car c’est une bouche de plus à nourrir. Elle est chanteuse de rue. Le père, lui, est acrobate et regarde l’enfant pousser son premier cri. Ils ne savent pas encore que cet enfant deviendra la Môme Piaf, cet immense petit bout de femme, cette voix lumineuse venue des bas-fonds de Paris. Pour eux, aujourd’hui, ce n’est qu’une môme qui piaille...

J’ai visité pour la première fois il y a quelques jours le Musée Edith Piaf, situé dans le quartier de Ménilmontant à Paris. Ce musée secret, oublié des guides touristiques, se situe dans le quartier où a grandi cette icône de la chanson française; tout près de la rue de la Chine et du 72 rue de Belleville où une plaque apposée sur l’immeuble fait perdurer la légende qui entoure la naissance d’Edith Piaf. Si la chanteuse est effectivement née dans la misère, son acte de naissance indique l’hôpital Tenon comme lieu de naissance et non les marches du 72 rue de belleville !

Le Musée Edith Piaf est en fait un appartement ! Deux petites pièces où a vécu La Môme au début de sa carrière. “Pas longtemps”, me précise l’homme qui m’accueille car à l’époque elle est encore chanteuse de rue et le loyer est trop cher pour elle. Dans ce musée privé, on tombe tout de suite sur les plans d’un autre appartement où elle vécu bien plus tard, cette fois dans les quartiers cossus du XVI ème arrondissement. Plus de 200 mètres carré, de quoi créer un contraste surprenant avec ce minuscule musée-appartement. Comme une métaphore de sa propre vie, entre la misère de ses matins et la gloire de ses nuits.

“Et voilà qu’une voix qui sort des entrailles, une voix qui l’habite des pieds à la tête, déroule une vague de velours noir...” - Jean Cocteau

Ce musée est comme un condensé des moments de vie de l’artiste : les débuts dans la rue et la misère, les premières gloires de cabaret, les drames de sa vie, la renommée outre-atlantique et la reconnaissance éternelle. Des lettres sincères écrites pour ses proches inondent de bonheur et de désillusions les murs de l’appartement; des mots émouvants laissés par ses amis témoignent de l’intensité de sa vie et de l’immensité de son oeuvre : Michel Simon, Charles Aznavour, Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Tino Rossi, Jean Cocteau… Dans une lettre qu’elle adresse à une amie, Edith écrit : “Quoi de plus magnifique que de voir ceux que l’on aime heureux”.

Un endroit qui symbolise une époque parisienne...

Il y a des mots mais aussi des objets personnels, comme la fameuse petite robe noire. Véritable signature de l’artiste. Et puis bien sûr c’est la musique d’Edith Piaf qui accompagne la visite. Ce musée est comme un écrin : on en ressort ému et, dans mon cas, curieuse d’en savoir plus sur la vie de cette chanteuse-interprète, cette “fleur du pavé” comme l’a décrite si joliment Robert Belleret. Amateur de musique française, admirateur d’Edith Piaf ou simplement curieux de découvrir un endroit qui symbolise une époque parisienne, je vous recommande la visite de ce lieu préservé et terriblement touchant...

Et pour ceux qui veulent aller plus loin, je vous conseille ce documentaire qui, à travers les chansons de la môme, offre un regard sur sa personnalité.

Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le partager avec vos amis ou des fans d’Edith Piaf qui ne connaîtraient pas encore le lieu ;)

Informations pratiques

5 rue Crespin du Gast, 75011 Paris

01 43 55 52 72

Ouvert du lundi au mercredi de 13h à 18h et le jeudi de 10h à 12h

Attention, visite sur rendez-vous uniquement !

Tarifs : gratuit

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